Jean-Marc Bernard : Le Poète Dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon, Chantre du Terroir et de la Grande Guerre

Jean-Marc Bernard : Le Poète Dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon, Chantre du Terroir et de la Grande Guerre

Jean-Marc Bernard (1881-1915), figure méconnue de l’École fantaisiste, a marqué la littérature française par ses vers bucoliques et son engagement dauphinois. Enraciné à Saint-Rambert-d’Albon, ce poète monarchiste et fervent catholique a célébré le Dauphiné à l’instar de Frédéric Mistral pour la Provence. Découvrez son parcours, ses œuvres, et son héritage vibrant dans la Drôme.

Jean-Marc Bernard – Le Poète dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon
Jean-Marc Bernard –
Le Poète dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon

Introduction : Un Poète au Cœur du Dauphiné

Jean-Marc Bernard, né à Valence en 1881 et mort au front en 1915, est bien plus qu’un poète de l’École fantaisiste. Monarchiste, catholique fervent et militant régionaliste, il a chanté le Dauphiné avec une passion comparable à celle de Frédéric Mistral pour la Provence ou Léon Daudet pour le royalisme culturel. Installé à Saint-Rambert-d’Albon, sur les bords du Rhône, il a fait de cette commune drômoise un foyer littéraire et un symbole de son attachement au terroir. Cet article, optimisé pour les amateurs de chroniques culturelles et d’histoire régionale, explore sa vie, son activisme dauphinois, ses œuvres comme De Profundis, et son héritage local, toujours vivant à travers la médiathèque et les commémorations de Saint-Rambert.

Jean-Marc Bernard – Le Poète dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon

Biographie : Un Parcours Cosmopolite, un Ancrage Dauphinois

Une Jeunesse Européenne

Né Jean Bernard le 4 décembre 1881 à Valence, il adopte le pseudonyme Jean-Marc pour se distinguer d’un homonyme. Son père, Marc-Antoine Bernard, banquier au Crédit Lyonnais, emmène la famille à Genève et Bruxelles (1892-1899). Jean-Marc poursuit son éducation à Margate (Angleterre, 1899-1900) et Krefeld (Allemagne, 1900-1901), forgeant un goût pour les langues et la culture européenne. Cette formation religieuse et littéraire exigeante, marquée par le catholicisme, nourrit sa sensibilité poétique.

Retour au Dauphiné

La mort de son père en 1902 ramène Jean-Marc dans la Drôme. En 1909, il s’installe avec sa mère, Rambertine Dumaine, à Saint-Rambert-d’Albon, où il trouve un refuge inspirant. Les paysages des bords du Rhône, les champs et la douceur dauphinoise deviennent des motifs récurrents de ses poèmes bucoliques. Sa maison familiale, véritable foyer intellectuel, accueille des amis poètes comme Louis et Georges Le Cardonnel, Raoul Monier, et Jean Pellerin, faisant de Saint-Rambert un carrefour littéraire.

Une Fin Tragique

Malgré une santé fragile et une mauvaise vision, Bernard s’engage volontairement en 1914 dans l’infanterie. Il meurt le 9 juillet 1915 à Carency (Artois), à 33 ans, « pulvérisé par un obus ». Son corps ne sera jamais retrouvé, mais son nom est gravé au Panthéon parmi les écrivains morts pour la France.


Un Poète de l’École Fantaisiste et du Dauphiné

L’École Fantaisiste : Légèreté et Classicisme

Membre de l’École fantaisiste, aux côtés de Tristan Derème, Francis Carco et Jean Pellerin, Bernard prône une poésie légère et classique, inspirée des bucoliques de Virgile et des formes traditionnelles. Influencé par Jean Moréas et Louis Le Cardonnel, il rejette le symbolisme pour une clarté élégante. Il anime la revue Les Guêpes (1909-1912), satirique et monarchiste, avec Raoul Monier, où il exprime ses idées littéraires et politiques.


Œuvres Majeures

Son œuvre, brève mais dense, mêle foi, nature, amour et patriotisme. Parmi ses publications :

  • La Mort de Narcisse (1904) : Poème pastoral évoquant le mythe antique.
  • L’Homme et le Sphinx (1905) : Réflexions philosophiques en vers.
  • Pages politiques des poètes français (1910) : Essai critique sur la littérature engagée.
  • Sub tegmine fagi (1913) : Recueil bucolique (« sous l’ombrage du hêtre »), divisé en amours, bergeries et traductions disponible ici.
  • De Profundis (1915) : Poème testamentaire écrit dans les tranchées, cri de détresse et prière lire sur Wikisource.
  • François Villon, sa vie, son œuvre (1918, rééd. 1922) : Étude biographique.
  • Traductions : Notamment d’Omar Khayyam.
  • Œuvres complètes (1923) : Publiées posthumement par Le Divan.

De Profundis, composé le 1er juillet 1915, reste son texte le plus poignant :

« Du plus profond de la tranchée, / Nous élevons les mains vers vous, / Seigneur : Ayez pitié de nous / Et de notre âme desséchée ! »

Jean-Marc Bernard – Le Poète dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon

Un Traducteur et Critique

Bernard traduit des poètes comme Omar Khayyam et rédige des études sur Charles d’Orléans et François Villon, témoignant de son érudition. Ses contributions à la Revue critique des idées et des livres et au Divan d’Henri Martineau renforcent sa stature de critique littéraire.

Jean-Marc Bernard – Le Poète dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon
Jean-Marc Bernard – Le Poète dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon

Activisme Régionaliste : Un Dauphinois à la Manière de Mistral

Un Amour du Terroir Dauphinois

À l’image de Frédéric Mistral, qui a glorifié la Provence à travers le Félibrige, Jean-Marc Bernard célèbre le Dauphiné avec ferveur. Les paysages de Saint-Rambert-d’Albon – le Rhône, les champs, les collines – imprègnent ses poèmes d’un lyrisme discret et d’une nostalgie rurale. Comme Mistral, il voit dans le terroir une source d’identité et de spiritualité, ancrée dans la tradition catholique et les valeurs monarchistes.

Un Militant Régionaliste

Bernard s’inspire de figures comme Léon Daudet, écrivain et polémiste de l’Action française, pour promouvoir une vision décentralisée et enracinée de la France. À Valence, il anime un cercle de l’Action française dès 1907, où il défend l’idée d’une France des provinces, avec le Dauphiné comme joyau culturel. Sa revue Les Guêpes, co-fondée avec Raoul Monier, devient un espace pour exalter la langue, l’histoire et les traditions dauphinoises, tout en critiquant le centralisme parisien.

Un Foyer Littéraire à Saint-Rambert

Sa maison de Saint-Rambert-d’Albon, décrite comme un « petit foyer intellectuel », attire des poètes et penseurs régionalistes. Les échanges avec Louis Le Cardonnel, prêtre et poète, renforcent son attachement à une poésie spirituelle et locale. Bernard aspire à faire du Dauphiné un centre littéraire, à l’instar de la Provence de Mistral, bien que sa carrière soit interrompue par la guerre.


Engagement Politique : Monarchisme et Action Française

Fervent monarchiste, Bernard est un disciple de Charles Maurras et un militant actif de l’Action française. Sa revue Les Guêpes (1909-1912) incarne cet engagement, mêlant satire, poésie et idées réactionnaires. Son essai Pages politiques des poètes français (1910) explore le rôle des écrivains dans la défense des valeurs traditionnelles. Cet activisme, teinté de régionalisme, le distingue des poètes parisiens de son époque, le rapprochant davantage de figures comme Daudet.


L’Héritage de Jean-Marc Bernard à Saint-Rambert-d’Albon

Monuments et Commémorations

Saint-Rambert-d’Albon honore son poète avec plusieurs initiatives :

  • Médiathèque Jean-Marc Bernard : Située au 11B Place du 8 Mai 1945, elle est un centre culturel animé par des bénévoles voir ici.
  • Plaque commémorative : Apposée en 1921 au 21 rue de Marseille, sur son ancienne maison Le Dauphiné Libéré, 2018.
  • Fresque urbaine : Une fresque près de la Place de Bonrepos, proche de la mairie, évoque Bernard, renforçant son empreinte visuelle dans la commune.
  • Centenaire de 2015 : Des événements culturels ont célébré les 100 ans de sa mort, avec conférences et lectures site de la mairie.

Archives et Études

Des lettres au front, adressées à sa mère et conservées par Jean Marc Coindet, sont étudiées par des universitaires comme Daniel Aranjo, spécialiste de l’École fantaisiste. En 2018, une rencontre à la médiathèque a réuni Aranjo et Anne Piollet Valdenaire, passionnée par Bernard, pour discuter de ces archives, prévues pour publication dans un congrès sur la littérature de 1914.

Un Symbole Régional

Bernard incarne l’âme du Dauphiné, mêlant poésie, foi et attachement au terroir. Sa mémoire, portée par la médiathèque et les initiatives locales, attire les amateurs de littérature et renforce le tourisme culturel à Saint-Rambert-d’Albon.

Jean-Marc Bernard – Le Poète dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon
Jean-Marc Bernard – Le Poète dauphinois de Saint-Rambert-d’Albon

Pourquoi Jean-Marc Bernard Fascine Aujourd’hui

Un Témoin de la Grande Guerre

Comme Guillaume Apollinaire ou Charles Péguy, Bernard capture l’horreur des tranchées dans De Profundis, un texte universel étudié pour sa profondeur émotionnelle. Sa mort au combat en fait un symbole des poètes-soldats.

Un Chantre du Dauphiné

Son amour du terroir, comparable à celui de Mistral, résonne avec les mouvements régionalistes modernes. Ses poèmes bucoliques, ancrés dans les paysages drômois, séduisent les lecteurs en quête d’authenticité.

Un Pont entre Local et National

Reconnu au Panthéon et célébré localement, Bernard relie l’histoire nationale à celle de Saint-Rambert-d’Albon, offrant une perspective unique sur la France des provinces.


Chronologie de Jean-Marc Bernard

DateÉvénement
1881Naissance à Valence (Drôme).
1902Mort de son père, retour dans la Drôme.
1909Installation à Saint-Rambert-d’Albon.
1910Publication de Pages politiques des poètes français.
1913Publication de Sub tegmine fagi.
1914Engagement volontaire dans l’infanterie.
1915Mort au front à Carency (9 juillet).
1921Pose d’une plaque commémorative à Saint-Rambert.
2015Célébration du centenaire de sa mort.

Conclusion : Découvrir Jean-Marc Bernard à Saint-Rambert-d’Albon

Jean-Marc Bernard, par sa poésie, son activisme dauphinois et son sacrifice, reste une figure incontournable de la Drôme et de la littérature française. À Saint-Rambert-d’Albon, la Médiathèque Jean-Marc Bernard, la plaque commémorative et la fresque urbaine invitent à explorer son héritage. Ses vers, imprégnés des paysages du Rhône et de la foi catholique, continuent d’émouvoir, tandis que son régionalisme, inspiré par Mistral et Daudet, résonne avec les aspirations contemporaines à l’enracinement.

Envie de plonger dans son univers ? Visitez la médiathèque ville-st-rambert.fr, lisez De Profundis sur Wikisource, ou découvrez ses études sur Archive.org. Saint-Rambert-d’Albon, entre histoire et poésie, vous attend pour un voyage culturel unique.


Glossaire

  • Dauphiné : Ancienne province française (Drôme, Isère, Hautes-Alpes), berceau de l’identité régionale de Bernard.
  • École fantaisiste : Courant poétique du XXe siècle, prônant légèreté et classicisme.
  • Action française : Mouvement monarchiste fondé par Charles Maurras, influençant Bernard.
  • Sub tegmine fagi : Expression latine de Virgile (« sous l’ombrage du hêtre »), titre de son recueil.

Sources et Ressources


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