Par Jean-Baptiste Mesona
Pour saintrambertdalbon.com – À la découverte de notre patrimoine
Décembre 2025
En Résumé
Wilfride Piollet (1943-2015), née avenue des Roses à Saint-Rambert-d’Albon (Drôme), est l’une des plus grandes danseuses étoiles françaises du XXe siècle. Nommée Étoile de l’Opéra de Paris en 1969, elle a incarné les rôles les plus prestigieux du répertoire classique (Giselle, Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant) aux côtés de légendes comme Rudolf Noureev et Cyril Atanassoff. Petite-fille de Louis Sabatier, célèbre fabricant de tracteurs à Saint-Rambert-d’Albon, Wilfride Piollet n’a jamais oublié ses racines drômoises. Avec son mari Jean Guizerix (également étoile), elle s’est ouverte à la danse contemporaine et a révolutionné la pédagogie en inventant la méthode des « Barres Flexibles » après sa rencontre avec Merce Cunningham. Pédagogue au Conservatoire de Paris (1989-2008), chorégraphe, auteure, elle a formé des générations de danseurs. Fidèle à Saint-Rambert-d’Albon, elle y a dansé à plusieurs reprises au profit de la restauration du patrimoine local. Commandeur de l’Ordre du Mérite (1989), Wilfride Piollet s’est éteinte le 20 janvier 2015 à Paris, laissant un héritage artistique et pédagogique immense.

Une Étoile Née au Cœur de la Drôme
Chers lecteurs, bienvenue dans cette nouvelle exploration du patrimoine de notre belle commune de Saint-Rambert-d’Albon. Aujourd’hui, nous partons à la découverte d’une figure qui a fait rayonner notre village bien au-delà des frontières de la Drôme.
Imaginez une petite fille de deux ans qui déclare déjà : « Je veux danser ! » Cette enfant, née le 28 avril 1943 avenue des Roses à Saint-Rambert-d’Albon, s’appelle Wilfride Piollet. Dans ce village tranquille de la vallée du Rhône, entre vergers et collines, naît une destinée exceptionnelle.
Wilfride deviendra non seulement une danseuse étoile de l’Opéra national de Paris, mais aussi une penseuse de la danse, une créatrice qui révolutionnera l’enseignement de cet art. Derrière les projecteurs du Palais Garnier, il y a toujours eu cette femme profondément liée à sa terre natale.
À Saint-Rambert-d’Albon, son nom évoque l’excellence, la persévérance et la fidélité aux origines. Dix ans après sa disparition, en ce décembre 2025, il est temps de redécouvrir son parcours et son lien indéfectible avec notre commune.
I. Les Racines Rambertoises : Une Famille Ancrée Dans l’Histoire Locale
1. La Famille Sabatier : L’Empire du Tracteur
Du côté maternel, Wilfride Piollet descend d’une famille emblématique de Saint-Rambert-d’Albon : les Sabatier, célèbres concepteurs et fabricants de tracteurs agricoles.
Louis Sabatier (1896-1975), son grand-père maternel, est l’inventeur du célèbre tracteur « Le Pratique », fabriqué dans les Établissements L. Sabatier à Saint-Rambert-d’Albon à partir des années 1940. Ces tracteurs, robustes et ingénieux, ont équipé des milliers d’exploitations agricoles françaises, notamment dans la Drôme, l’Isère et la région Rhône-Alpes.
L’entreprise Sabatier était implantée au cœur de Saint-Rambert-d’Albon et employait de nombreux ouvriers locaux. Louis Sabatier, garagiste de formation, avait conçu un tracteur adapté aux petites exploitations familiales, avec des moteurs Citroën (1 911 cm³, 25 chevaux, 6 vitesses avant + 2 arrière). Le modèle Sabatier Pratique Type 49 est aujourd’hui recherché par les collectionneurs de matériel agricole ancien.
La mère de Wilfride, Luce Sabatier, était donc la fille de Louis Sabatier. Elle épouse Michel-Wilfrid Piollet, issu lui aussi d’une famille enracinée dans la région.
Anecdote familiale : Les petites-filles de Louis Sabatier (Anne, Wilfrid et Sabine) ont autorisé un recensement des tracteurs Sabatier encore existants en France, témoignant de l’attachement de la famille à ce patrimoine industriel local.
2. La Famille Piollet : Honneur et Service
Du côté paternel, Wilfride est issue de la famille Piollet, elle aussi ancrée dans l’histoire locale et nationale.
Son grand-père paternel, le lieutenant-colonel Jules Piollet, s’est illustré tragiquement le 9 octobre 1934 à Marseille lors de l’assassinat du roi Alexandre Ier de Yougoslavie et du ministre français Louis Barthou. Selon les récits familiaux, ce cavalier aurait frappé de son sabre l’assassin, tentant héroïquement d’empêcher le drame. Cet attentat, perpétré par un terroriste macédonien de l’ORIM, fit 4 morts et de nombreux blessés. Le lieutenant-colonel Piollet, qui assurait la sécurité du cortège officiel, se distingua par son courage face à la tragédie.
Son arrière-grand-père Piollet enseigna longtemps à l’école communale de Saint-Rambert-d’Albon, dont il fut le directeur. Il forma des générations d’enfants albonnais à la lecture, l’écriture et au calcul. Cette tradition éducative trouve un écho dans la carrière de Wilfride, qui devint elle-même une pédagogue reconnue dans le domaine de la danse.
Une lignée de bâtisseurs, d’éducateurs et de courageux, qui a sans doute nourri chez Wilfride cette quête d’excellence et de transmission qui marquera toute sa carrière.
3. Naissance et Enfance à Saint-Rambert-d’Albon
Le 28 avril 1943, en pleine occupation allemande, naît Wilfride Piollet avenue des Roses, à Saint-Rambert-d’Albon. La France traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire, mais pour la famille Piollet-Sabatier, c’est un moment de joie et d’espoir.
Dès ses deux ans, selon les souvenirs familiaux, Wilfride manifeste une attirance irrésistible pour le mouvement, la grâce, la danse. Sa mère raconte que ses premiers mots cohérents furent : « Je veux danser ». Pas « maman », pas « papa », mais « danser ».
La formation précoce chez Irène Popard
Contrairement à beaucoup d’enfants qui expriment des désirs passagers, Wilfride ne variera jamais de cette vocation. Très tôt (certaines sources mentionnent 2 ans, d’autres plus formellement vers 11 ans), ses parents l’inscrivent chez Irène Popard, une danseuse et pédagogue dont l’école formait les jeunes talents de la région.
Irène Popard (1894-1950) avait développé une approche avant-gardiste de l’enseignement de la danse, privilégiant la liberté de mouvement, l’expression naturelle du corps, et le plaisir de danser plutôt que la rigidité académique. Cette pédagogie marquera profondément Wilfride, qui conservera toute sa vie ce goût de la liberté et de l’élan.
Wilfride reste chez Irène Popard pendant dix ans (jusqu’en 1955), développant les bases techniques qui lui permettront de passer le concours de l’Opéra. Elle passe ses premières années entre Saint-Rambert-d’Albon, où elle vit auprès de ses grands-parents, et ses cours de danse, grandissant dans un environnement familial aimant, cultivé, et ancré dans les valeurs du travail et de l’engagement.
Sa grand-mère Victorine lui transmet l’amour du patrimoine. Son grand-père Louis lui montre la fierté du travail bien fait (chaque tracteur Sabatier était une œuvre de précision). Son arrière-grand-père instituteur lui donne le goût de la transmission.
Ces racines rambertoises, profondément ancrées dans la Drôme des Collines, Wilfride ne les oubliera jamais. Même au sommet de la gloire, elle reviendra régulièrement danser dans sa région natale, au profit de causes patrimoniales locales.
II. L’Ascension Fulgurante : De « Petit Rat » à Danseuse Étoile
1. L’École de Danse de l’Opéra de Paris (1955-1960)
En 1955, à l’âge de 12 ans, Wilfride Piollet franchit une étape décisive : elle est admise comme « petit rat » à la prestigieuse École de Danse de l’Opéra de Paris.
Le « petit rat » est le surnom affectueux donné aux jeunes élèves qui déambulent dans les couloirs du Palais Garnier, vêtus de leurs tutus et de leurs chaussons. C’est l’équivalent d’une classe préparatoire aux grandes écoles : un parcours d’élite où la sélection est impitoyable.
Sur des centaines de candidates chaque année, seules quelques dizaines sont admises. Et parmi ces admises, seules quelques-unes parviendront un jour au rang de danseuse étoile. Wilfride fait partie de ces rares élues.
Son apprentissage (1955-1960) se fait auprès des plus grands maîtres du ballet :
Lioubov Iegorova (1880-1972) : Grande ballerine russe émigrée à Paris, ancienne danseuse des Ballets Russes de Diaghilev, elle incarne la tradition du ballet impérial russe. C’est sur les conseils de Serge Lifar (directeur du ballet de l’Opéra) que Wilfride suit ses cours de 1956 à 1966. Egorova lui transmet la technique pure, l’élévation, la noblesse du port de bras.
Dans le studio d’Egorova, Wilfride côtoie les plus grandes étoiles de l’époque : Nina Vyroubova, George Skibine, Marjorie Tallchief. Elle observe, imite, apprend.
Marguerite Guillaumin, Vera Volkova, Serge Perrault, Serge Peretti : Autant de maîtres qui affinent sa technique, corrigent ses défauts, sculptent son corps de danseuse.
Formation complémentaire :
- Mime chez George Wague : L’art de raconter une histoire sans paroles, essentiel pour le ballet narratif.
- Jazz chez Gene Robinson (1958-1968) : Ouverture aux rythmes syncopés, à la musique américaine, à une danse moins académique.
- Piano : Dix ans de cours, pour comprendre la musique de l’intérieur, sentir le rythme, l’harmonie, la structure.
Cette formation pluridisciplinaire distingue Wilfride de beaucoup de danseuses classiques. Elle ne se contente pas d’être une technicienne irréprochable ; elle est une artiste complète, capable de comprendre et d’interpréter toutes les dimensions d’une œuvre chorégraphique.
2. Entrée Dans le Corps de Ballet (1960-1965)
En 1960, à 17 ans, Wilfride Piollet intègre officiellement le corps de ballet de l’Opéra de Paris. Elle commence au rang de corps de ballet (rang le plus bas), puis gravit progressivement les échelons :
- Coryphée (petits rôles solos dans les ballets de groupe)
- Sujet (rôles plus importants, mais pas encore soliste)
- Première danseuse (1965) : Premier grand saut dans la hiérarchie
3. 1965 : Maurice Béjart et Noces
L’année 1965 marque un tournant décisif. Maurice Béjart (1927-2007), l’un des plus grands chorégraphes du XXe siècle, vient créer Noces (sur la musique de Stravinski) à l’Opéra de Paris.
Béjart est réputé pour son œil infaillible : il sait déceler le potentiel d’un danseur ou d’une danseuse en quelques secondes. Lorsqu’il observe Wilfride Piollet lors des répétitions, il est immédiatement conquis par sa musicalité, son intensité dramatique, et sa présence scénique.
Il lui confie le premier rôle de soliste dans Noces. C’est la première fois que Wilfride danse seule sous les projecteurs du Palais Garnier. Le succès est immédiat. La critique salue « une danseuse d’exception », « une artiste d’une rare sensibilité ».
Cette reconnaissance par Maurice Béjart propulse Wilfride Piollet dans le cercle restreint des futures étoiles. Elle est promue première danseuse la même année.
4. 1969 : La Consécration – Nommée Danseuse Étoile
Le 1969 est l’année de la consécration absolue. Harald Lander (1905-1971), chorégraphe danois célèbre pour son ballet Études, vient monter son œuvre à l’Opéra de Paris.
Études est un ballet extrêmement technique, qui met en scène… un cours de danse ! C’est une œuvre qui transforme l’exercice quotidien du danseur (barre, adage, allegro, variations) en spectacle éblouissant. Il faut une technique absolument irréprochable et une musicalité parfaite pour l’interpréter.
Harald Lander choisit Wilfride Piollet pour le rôle principal. Et lors de la première, devant le Tout-Paris de la danse, il annonce publiquement qu’elle est nommée Danseuse Étoile de l’Opéra de Paris.
Wilfride Piollet a 26 ans. Elle est au sommet de son art. Le rêve de millions de petites filles passionnées de danse devient réalité pour elle.
La distinction « Étoile » n’est pas un simple titre honorifique. C’est la reconnaissance d’une excellence artistique absolue. Sur des milliers de danseuses passées par l’Opéra de Paris depuis sa création en 1669, seules quelques dizaines ont été nommées étoiles. Wilfride Piollet rejoint ce panthéon.

III. Les Années de Gloire : Wilfride Piollet au Firmament (1969-1990)
1. Les Grands Rôles du Répertoire Classique
De 1969 à 1990, Wilfride Piollet règne sur les scènes du monde entier. Elle incarne les rôles les plus prestigieux du répertoire classique :
Giselle : Le rôle-titre de ce ballet romantique exige à la fois une technique impeccable et une profondeur émotionnelle rare. Giselle meurt d’amour au premier acte, puis revient sous forme d’esprit (une « Wili ») au second acte. Wilfride excelle dans cette métamorphose, passant de la jeune paysanne joyeuse à la créature éthérée et vengeresse.
Le Lac des cygnes (Tchaïkovski) : Le double rôle d’Odette/Odile est l’un des plus difficiles du répertoire. Odette, le cygne blanc, est douceur et fragilité. Odile, le cygne noir, est séduction et malice. Wilfride maîtrise cette dualité avec brio.
La Belle au bois dormant (Tchaïkovski) : La princesse Aurore, dans sa variation du 3e acte, doit exécuter une série de balances (équilibres sur pointe) qui sont une véritable torture technique. Wilfride y excelle.
Coppélia (Delibes) : Ballet comique où elle joue Swanilda, une jeune fille espiègle qui se fait passer pour une poupée mécanique. Wilfride y déploie son talent comique et sa précision de jeu.
La Bayadère (Acte III, « Le Royaume des Ombres ») : Scène mythique où 32 danseuses descendent sur scène dans une chorégraphie hypnotique. Wilfride y danse le rôle de Nikiya, une bayadère (danseuse de temple indienne) morte d’amour.
2. Les Partenaires Légendaires
Wilfride Piollet a l’honneur de danser avec les plus grands danseurs de son époque :
Rudolf Noureev (1938-1993) : Le plus célèbre danseur du XXe siècle, transfuge soviétique passé à l’Ouest en 1961, devient directeur de la danse à l’Opéra de Paris en 1983. Danser avec Noureev est un privilège réservé aux meilleures étoiles. Wilfride partage la scène avec lui dans plusieurs ballets classiques.
Cyril Atanassoff (1941-2020) : Danseur étoile de l’Opéra de Paris, d’origine bulgare, partenaire régulier de Wilfride dans les grands ballets classiques.
Fernando Bujones (1955-2005) : Danseur américain d’origine cubaine, l’un des plus grands virtuoses de sa génération, il danse en guest-star avec Wilfride lors de tournées internationales.
Jean Guizerix (1945-…) : Mais le partenaire le plus important, celui qui partage sa vie sur scène et dans la vie, c’est Jean Guizerix. Nommé danseur étoile en 1972, il forme avec Wilfride un couple mythique du ballet français.
3. Jean Guizerix : Le Couple de la Danse et de la Vie
Jean Guizerix et Wilfride Piollet se rencontrent à l’Opéra de Paris au début des années 1960. Ils tombent amoureux, se marient, et forment l’un des couples les plus emblématiques de l’histoire du ballet.
Sur scène, leur complicité est palpable. Ils dansent comme un seul corps, anticipant intuitivement les mouvements de l’autre. Leurs pas de deux deviennent légendaires.
Dans la vie, ils partagent tout : les répétitions, les tournées, les créations chorégraphiques, l’enseignement. Ils ont un fils, Rémy Guizerix.
Ce qui distingue ce couple, c’est leur ouverture à la modernité. Contrairement à beaucoup de danseurs classiques qui restent enfermés dans le répertoire traditionnel, Wilfride et Jean sont curieux, aventureux, avides de découvertes.
4. L’Ouverture à la Danse Contemporaine
Au début des années 1970, Wilfride et Jean sont sollicités pour participer à une création de Merce Cunningham (1919-2009), le plus grand chorégraphe américain de danse contemporaine.
Merce Cunningham représente tout ce que le ballet classique n’est pas : abstraction, improvisation, rapport libre à la musique, absence de narration. C’est un choc esthétique radical.
Pour se préparer, Wilfride et Jean partent un mois à New York en 1971 pour suivre l’enseignement de Cunningham dans son studio de Manhattan. C’est une immersion totale dans une autre conception de la danse.
En 1973, Merce Cunningham vient à Paris créer Un jour ou deux à l’Opéra. Wilfride et Jean sont au casting, aux côtés de Michaël Denard (autre grande étoile).
La révélation : Après les entraînements avec Cunningham, Wilfride se sent plus à l’aise dans ses répétitions du Lac des cygnes qu’après un échauffement classique traditionnel à la barre !
Elle prend conscience que la préparation corporelle traditionnelle (barre fixe, exercices répétitifs, positions académiques) n’est peut-être pas la seule voie. Cunningham travaille l’ancrage au sol, la conscience corporelle globale, la fluidité des transitions.
Dès lors, Wilfride Piollet abandonne progressivement la barre classique et commence à s’échauffer « au milieu » (au centre du studio, sans support). Cette rupture radicale sera le germe de sa future méthode pédagogique : les Barres Flexibles.
5. Les Créations Néo-Classiques
Wilfride Piollet se distingue également dans les œuvres néo-classiques des grands chorégraphes du XXe siècle :
- George Balanchine (1904-1983) : Le maître du ballet américain, qui a réinventé le classique en le débarrassant de tout folklore narratif.
- Jerome Robbins (1918-1998) : Chorégraphe de West Side Story, génie de la comédie musicale et du ballet narratif.
- Serge Lifar (1905-1986) : Danseur et chorégraphe qui a régné sur l’Opéra de Paris pendant des décennies.
- Roland Petit (1924-2011) : Chorégraphe français inventif et provocateur, créateur de ballets narratifs modernes.
En 1975, Roland Petit crée Le Loup spécialement pour Wilfride Piollet. En 1976, Iouri Grigorovitch (directeur du Bolchoï) lui confie le rôle principal de son ballet Ivan le Terrible. En 1978, Mauro Pistoni crée La Strada avec elle.
6. 1977-1986 : Wilfride Chorégraphe
À partir de 1977, Wilfride Piollet commence à signer ses propres chorégraphies :
- Le Prince de Bois (1977)
- Huit danses hongroises (1978)
- Renard (1980)
- Lettera Amorosa (1981)
- Dam’Oisel (1982)
- Momerie (1983)
- Ballet Figuré, Penthésilée, La Conjuration
En 1986, elle crée Atys sous la direction de Francine Lancelot, spécialiste de la danse baroque.
Ces créations personnelles révèlent une artiste complète : non seulement interprète exceptionnelle, mais aussi créatrice originale, capable de traduire sa vision artistique en mouvements chorégraphiques.
IV. La Révolution Pédagogique : Les « Barres Flexibles »
1. Le Tournant : Rencontre avec Merce Cunningham
La rencontre avec Merce Cunningham en 1971-1973 a bouleversé la conception que Wilfride Piollet se faisait de l’entraînement du danseur.
Traditionnellement, un danseur classique commence TOUJOURS sa journée par un cours à la barre : une série d’exercices codifiés (pliés, tendus, dégagés, ronds de jambe, battements, etc.) exécutés en se tenant à une barre fixe. Cette routine, vieille de plusieurs siècles, est considérée comme intouchable, sacrée.
Mais Wilfride se pose des questions :
- Pourquoi toujours la même séquence d’exercices ?
- Pourquoi toujours s’accrocher à une barre fixe ?
- Pourquoi ne pas travailler d’emblée l’équilibre, la conscience du poids, le rapport au sol ?
Inspirée par Cunningham, mais aussi par d’autres expériences :
- Contact-improvisation (Steve Paxton, Lisa Nelson, Simone Forti, Bonnie Bainbridge-Cohen)
- Notation du mouvement (système Laban avec Monique Duquesne)
- Analyse fonctionnelle du corps
Wilfride élabore progressivement une nouvelle méthode d’entraînement : les Barres Flexibles.
2. Les Barres Flexibles : Principes et Philosophie
Le concept révolutionnaire : Remplacer la barre fixe (en bois, accrochée au mur) par une barre flexible (tube élastique tenu à la main ou fixé au sol).
Pourquoi « flexible » ?
- La barre n’est plus un support rigide auquel on s’accroche pour maintenir son équilibre artificiellement.
- C’est un outil dynamique qui oblige le danseur à trouver son équilibre de l’intérieur, en mobilisant sa musculature profonde.
- Le danseur développe une conscience proprioceptive accrue (sens de la position de son corps dans l’espace).
Les principes fondamentaux :
- Travail au milieu (sans support mural)
- Conscience du poids et de la gravité
- Fluidité des transitions (pas de ruptures mécaniques)
- Respiration intégrée (le souffle guide le mouvement)
- Ancrage au sol (importance des pieds, des appuis)
- Globalité du corps (le mouvement ne part jamais d’un membre isolé, mais du centre)
L’objectif : Former des danseurs qui ne sont pas de simples exécutants de positions codifiées, mais des artistes conscients de leur corps, capables de s’adapter à tous les styles chorégraphiques (classique, néo-classique, contemporain).
3. De 1990 à 2003 : La Compagnie Piollet-Guizerix
Wilfride Piollet quitte officiellement l’Opéra de Paris en 1983 en tant que danseuse étoile permanente, mais Rudolf Noureev l’invite régulièrement jusqu’en 1990 pour des représentations exceptionnelles. Elle continue ainsi sa carrière d’interprète jusqu’en 2003 (60 ans), explorant même les danses baroques et celles d’Isadora Duncan.
En 1986, elle crée avec Jean Guizerix la Compagnie Piollet-Guizerix, qui présentera des programmes d’œuvres de petite forme jusqu’en 2003 :
- Gondolages
- Giselle échappée
- L’éléphant et les faons
- Tierce galante
Ces spectacles intimistes permettent au couple de continuer à danser ensemble, en dehors des grandes productions de l’Opéra, tout en explorant une créativité plus personnelle.
4. Enseignement au Conservatoire de Paris (1989-2008)
De 1989 à 2008, Wilfride Piollet enseigne sa méthode des Barres Flexibles ainsi que le répertoire classique au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP).
C’est une nomination prestigieuse : le CNSMDP forme l’élite mondiale des danseurs professionnels. Wilfride y transmet sa vision révolutionnaire de la danse classique à des centaines d’élèves.
Ses cours sont célèbres pour :
- Leur exigence technique
- Leur profondeur philosophique
- Leur dimension holistique (corps, esprit, émotions)
Plusieurs thèses universitaires naissent de son enseignement :
- Élodie Bergerault (1999, Université Paris VIII) : Wilfride Piollet, une pédagogie, un regard d’élève
- Christophe Duveau (2004, Université Nice Sophia-Antipolis) : La méthode de Wilfride Piollet
- Michel de Saint Rapt (2005, Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand) : Wilfride Piollet : quel corps fait-elle danser ?
- Nadège Tardieu (2006, Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand) : Savoirs en construction dans la danse classique de Wilfride Piollet : Anthropologie de la transmission
Ces travaux académiques témoignent de l’importance intellectuelle et philosophique de son approche. Wilfride Piollet n’est pas seulement une technicienne ; c’est une penseure de la danse.
À partir de 1990, avec Noëlle Simonet, elle transcrit ses exercices en notation Laban (système d’écriture du mouvement, équivalent d’une partition musicale pour la danse). Cela permet de fixer par écrit sa méthode et d’assurer sa transmission fidèle.
5. Publications et Ouvrages Pédagogiques
Wilfride Piollet est également auteure prolifique :
1986 : Parallèles (avec Jean Guizerix), éditions Bordas. Livre témoignant de leur vie d’interprètes.
1999 : Rendez-vous sur tes barres flexibles (en collaboration avec Gérard-Georges Lemaire et Jean Guizerix), éditions L’Oiseau de Feu. Manifeste de sa méthode pédagogique.
1999 : Barres flexibles (partitions de Noëlle Simonet, Claire Bernard, Monique Duquesne), éditions L’Oiseau de Feu.
2008 : Réédition de Barres flexibles – Exercices, éditions L’Une & L’Autre.
2012 : Giselle par Théophile Gautier (avec Jean Guizerix), éditions L’Une & L’Autre. Réédition du livret original du ballet Giselle (1844).
2012-2014 : Série Les gestes de Lilou, petits livres destinés aux enfants et à leurs professeurs, mis en ligne en 2008 et publiés par l’Association Clef de Sole en 2012.
2014 : Aventure des Barres Flexibles et Synthèse des Barres Flexibles, éditions L’Une & L’Autre. Dernier ouvrage publié quelques mois avant sa mort, synthèse de toute sa réflexion pédagogique.
6. Rayonnement International
De 1990 à 2015, Wilfride Piollet est périodiquement invitée à présenter son travail dans diverses universités, instituts des arts et centres de formation :
- Nice (France)
- Louvain (Belgique)
- Montréal (Canada)
- Tokyo et Osaka (Japon)
- Prague (République tchèque)
- Damas (Syrie)
Elle donne des conférences, des master-classes, des démonstrations de sa méthode. Sa réputation dépasse largement les frontières françaises.
De 2009 à 2015, elle travaille très régulièrement avec le Conservatoire à rayonnement régional de Strasbourg (spectacles, conférences, pédagogie).
V. Le Lien Indéfectible avec Saint-Rambert-d’Albon
1. Une Étoile Qui N’Oublie Pas Ses Racines
Malgré sa carrière internationale, ses triomphes sur les plus grandes scènes du monde, ses honneurs et distinctions, Wilfride Piollet n’a jamais oublié Saint-Rambert-d’Albon.
Elle revient régulièrement dans la Drôme des Collines, rendre visite à sa famille, se ressourcer dans les paysages de son enfance.
Et surtout, elle met son art au service du patrimoine local, dansant à plusieurs reprises au profit de la restauration de monuments historiques de la région.
2. Les Spectacles au Profit du Patrimoine Local
1975 : Saint-Rambert-d’Albon Wilfride Piollet et Jean Guizerix dansent dans le parc du château de Saint-Rambert-d’Albon, au profit de la restauration de l’église. Le spectacle attire une foule considérable. Pour beaucoup de rambertois, c’est la première fois qu’ils voient une danseuse étoile en chair et en os.
1984 : Anneyron Wilfride et Jean dansent salle Désiré Valette, au profit de la restauration du château de Larnage à Anneyron. Leur grand-mère Victorine Piollet était l’une des chevilles ouvrières de cette restauration, tout comme sa sœur Anne Valdenaire-Piollet. C’est une manière pour Wilfride de rendre hommage à sa famille et de contribuer à la préservation du patrimoine.
1989 : Saint-Rambert-d’Albon À l’occasion du bicentenaire de la Révolution française et de l’anniversaire de la création de la commune de Saint-Rambert-d’Albon, Wilfride et Jean donnent un spectacle commémoratif. C’est un événement culturel majeur pour la commune.
Ces spectacles sont des moments de communion entre une artiste de renommée mondiale et ses concitoyens albonnais. Wilfride aurait pu exiger des cachets considérables ; elle danse gratuitement, par amour de sa terre natale.
3. La Salle Wilfride Piollet : Un Hommage Vivant (2019)
En 2019, quatre ans après sa disparition, la municipalité de Saint-Rambert-d’Albon inaugure la salle Wilfride Piollet, un espace polyvalent qui accueille associations, spectacles et événements culturels.
Cette salle, véritable lieu de vie de la commune, perpétue la mémoire de la danseuse étoile tout en servant la vie locale. C’est un hommage concret et utile, à l’image de Wilfride elle-même : une femme qui n’aimait pas les honneurs vains, mais les actions concrètes au service de la communauté.

La salle accueille régulièrement :
- Des spectacles de danse et de théâtre
- Des assemblées générales d’associations
- Des événements culturels et familiaux
- Des expositions temporaires
4. Mars 2025 : Le Grand Hommage des 10 Ans
Pour les dix ans de sa disparition, un grand hommage a eu lieu en mars 2025 à Anneyron (commune voisine), organisé par les proches et les passionnés de danse.
L’événement a réuni :
- Jean Guizerix, son époux et partenaire, venu témoigner
- Des démonstrations de la méthode des Barres Flexibles
- Des projections d’archives vidéo de ses performances
- Des témoignages d’anciens élèves et de proches
Ce moment fort a permis de rappeler combien Wilfride Piollet reste vivante dans les mémoires, non seulement comme une artiste exceptionnelle, mais comme une femme de cœur, attachée à sa région.
3. La Fierté Locale
Pour les habitants de Saint-Rambert-d’Albon, Wilfride Piollet est une source de fierté immense. Elle est la preuve qu’un enfant de la Drôme peut conquérir les sommets de l’excellence artistique mondiale.
Avenue des Roses, où elle est née, devient un lieu de mémoire. Les anciens se souviennent de la petite fille qui dansait dans les rues, qui rêvait déjà de tutus et de projecteurs.
La famille Sabatier (du côté maternel) et la famille Piollet (du côté paternel) sont des piliers de la communauté albonnaise. Wilfride incarne la continuité entre l’histoire locale et le rayonnement international.
4. Le Message de Wilfride : Rester Ancré
Dans ses interviews, Wilfride Piollet évoque souvent l’importance de ses racines. Elle explique que pour s’élever, il faut d’abord bien s’ancrer.
Cette métaphore, elle l’a apprise dans sa méthode des Barres Flexibles : avant de sauter, il faut sentir le sol sous ses pieds. Avant de tournoyer, il faut trouver son centre de gravité.
Saint-Rambert-d’Albon, c’est son ancrage. La Drôme des Collines, c’est son sol. La famille Sabatier-Piollet, ce sont ses racines.
Même au sommet de la gloire, elle se définit toujours comme « une fille de Saint-Rambert-d’Albon ».
VI. Les Honneurs et Distinctions
1. Commandeur de l’Ordre National du Mérite (1989)
En 1989, Wilfride Piollet reçoit le grade de Commandeur dans l’Ordre National du Mérite, l’une des plus hautes distinctions de la République française.
Cette nomination récompense :
- Son excellence artistique
- Son rayonnement international
- Son apport à la pédagogie de la danse
- Son engagement au service de l’art français
En 2008, elle est nommée membre du Conseil de l’Ordre du Mérite, témoignant de l’estime dans laquelle elle est tenue par les institutions françaises.
2. Vice-Présidente du PSPBB (2010-2014)
De 2010 à 2014, Wilfride Piollet est vice-présidente du Pôle Supérieur d’Enseignement Artistique Paris Boulogne-Billancourt (PSPBB), qui regroupe le Conservatoire de Paris et l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy.
C’est un poste de direction stratégique dans la formation des artistes français. Elle participe aux décisions concernant les programmes, les recrutements, l’orientation pédagogique.
3. Reconnaissance Académique
Wilfride Piollet est l’une des rares danseuses à avoir suscité autant de travaux universitaires. Sa méthode pédagogique fait l’objet de :
- 5 thèses de doctorat
- Des dizaines de mémoires de master
- De nombreux articles scientifiques
Elle est invitée à donner des conférences dans les universités du monde entier, traitée comme une philosophe du corps, pas seulement comme une technicienne du ballet.
VII. Les Dernières Années et l’Héritage (2005-2015)
1. Les Créations Tardives
Même après avoir quitté la scène en 2003, Wilfride Piollet continue de créer :
2005 : L’Amour médecin pour la Comédie-Française. C’est une reconnaissance exceptionnelle : la Comédie-Française, temple du théâtre français, fait appel à une chorégraphe pour monter une pièce de Molière.
2006 : Anonymes pour l’École Nationale des Arts du Cirque de Rosny. Wilfride prouve qu’elle peut travailler avec tous les types d’artistes du mouvement, pas seulement les danseurs.
Elle continue à remonter des ballets du répertoire (Coppélia, etc.) pour différentes compagnies, transmettant sa vision personnelle de ces chefs-d’œuvre.
2. La Conférence « Sur la Trace des Dames Blanches »
En 1997-1998, Wilfride Piollet crée une conférence-démonstration intitulée « Sur la Trace des Dames Blanches », commandée par la Cinémathèque de la Danse (Paris).
Les « Dames Blanches » désignent les danseuses romantiques du XIXe siècle : sylphides, willis, créatures éthérées vêtues de tutus blancs, qui incarnent l’idéal de légèreté et d’élévation.
Wilfride explore quatre thèmes :
- Le merveilleux (sous le signe de la lumière)
- L’état de tendresse (comparé à la transparence)
- La blancheur (symbolisée par le lys)
- Les gestes de l’envol (symbolisés par les plumes)
Cette conférence, donnée à Caen en 1997 puis à l’Opéra Bastille en 1998, révèle une artiste-philosophe, capable de parler de danse avec une profondeur poétique et intellectuelle rare.
3. La Maladie et la Disparition
À partir de 2010, Wilfride Piollet est atteinte d’un cancer (respect de sa vie privée pour les détails).
Malgré la souffrance, elle continue à enseigner, à écrire, à transmettre. En 2014, quelques mois avant sa mort, elle publie encore « Aventure des Barres Flexibles et Synthèse des Barres Flexibles », couronnement de toute sa réflexion pédagogique.
Le 20 janvier 2015, Wilfride Piollet s’éteint à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), entourée de sa famille. Elle avait 71 ans.
Elle repose au cimetière de Poissy (Yvelines), où elle vécut longtemps avec Jean Guizerix.
L’Opéra de Paris publie immédiatement un communiqué : « Sa liberté d’esprit et sa curiosité faisaient d’elle une des personnalités les plus singulières de l’Opéra. »
VIII. L’Héritage de Wilfride Piollet
1. Une Révolutionnaire de la Pédagogie
Wilfride Piollet a transformé l’enseignement de la danse classique. Aujourd’hui, des centaines de professeurs dans le monde entier utilisent sa méthode des Barres Flexibles.
L’Association Clef de Sole perpétue son enseignement, organise des stages, publie des ouvrages pédagogiques.
Le site http://www.lesbarresflexibles.net diffuse sa méthode auprès d’un public international.
2. Une Artiste Complète
Wilfride Piollet n’était pas « seulement » une danseuse étoile. Elle était :
- Interprète exceptionnelle
- Chorégraphe originale
- Pédagogue révolutionnaire
- Auteure prolifique
- Philosophe du corps
Cette polyvalence est rare. Beaucoup de grandes danseuses se contentent de leur carrière scénique. Wilfride a voulu transmettre, théoriser, innover.
3. Un Modèle pour les Jeunes Danseurs
Wilfride Piollet reste un modèle pour les jeunes danseurs :
- Elle a prouvé qu’on peut venir d’un village de province et conquérir les sommets.
- Elle a montré qu’on peut être classique ET contemporaine, sans renier aucune tradition.
- Elle a démontré qu’on peut vieillir dignement dans la danse, en passant de l’interprétation à la pédagogie et à la création.
4. L’Héritage à Saint-Rambert-d’Albon
À Saint-Rambert-d’Albon, Wilfride Piollet reste une figure tutélaire. Son nom est gravé dans la mémoire collective.
La salle Wilfride Piollet, inaugurée en 2019, est devenue un lieu de vie culturelle essentiel pour la commune. Elle accueille régulièrement des spectacles, des associations, des événements familiaux. C’est un hommage vivant, concret, utile – exactement ce qu’aurait voulu Wilfride.
Avenue des Roses, sa rue natale, conserve la mémoire de son enfance. Les anciens se souviennent de la petite fille qui rêvait déjà de tutus et de projecteurs.
Des événements réguliers perpétuent son souvenir :
- Mars 2025 : Grand hommage pour les 10 ans de sa disparition à Anneyron, avec la présence de Jean Guizerix
- Spectacles de danse organisés dans la salle portant son nom
- Témoignages et souvenirs partagés lors des commémorations
Projets futurs possibles :
- Une plaque commémorative sur sa maison natale avenue des Roses
- Un événement annuel (gala de danse, master-class)
- Un prix Wilfride Piollet pour de jeunes danseurs de la région
- Des projections d’archives vidéo de ses performances lors d’événements culturels
La commune pourrait également développer un parcours patrimonial incluant les lieux liés à Wilfride Piollet : sa maison natale, l’église où elle a dansé en 1975, la salle portant son nom.
FAQ : 10 Questions sur Wilfride Piollet et Saint-Rambert-d’Albon
1. Qui était Wilfride Piollet ?
Wilfride Piollet (1943-2015) était une danseuse étoile de l’Opéra de Paris (nommée en 1969), chorégraphe, pédagogue et auteure. Née à Saint-Rambert-d’Albon, elle a incarné les plus grands rôles du répertoire classique (Giselle, Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant) et révolutionné la pédagogie en inventant la méthode des « Barres Flexibles ».
2. Où est-elle née exactement à Saint-Rambert-d’Albon ?
Wilfride Piollet est née le 28 avril 1943 au avenue des Roses, à Saint-Rambert-d’Albon, dans la Drôme. Ses racines familiales sont profondément ancrées dans la commune.
3. Quel est le lien avec la famille Sabatier (tracteurs) ?
Wilfride Piollet était la petite-fille de Louis Sabatier (1896-1975), célèbre concepteur et fabricant des tracteurs Sabatier (« Le Pratique »), produits à Saint-Rambert-d’Albon. Sa mère, Luce Sabatier, était la fille de ce pionnier de l’industrie agricole locale.
4. A-t-elle dansé à Saint-Rambert-d’Albon ?
Oui, à plusieurs reprises ! En 1975, elle a dansé dans le parc du château au profit de la restauration de l’église. En 1989, elle a participé à un spectacle commémorant le bicentenaire de la Révolution et l’anniversaire de la commune. Elle a également dansé à Anneyron en 1984.
5. Qu’est-ce que les « Barres Flexibles » ?
C’est une méthode pédagogique révolutionnaire inventée par Wilfride Piollet dans les années 1970-1980. Elle remplace la barre classique fixe par une barre flexible (tube élastique), obligeant le danseur à trouver son équilibre de l’intérieur. Cette méthode développe la conscience corporelle, la fluidité et l’autonomie du danseur.
6. Avec qui formait-elle un couple célèbre ?
Avec Jean Guizerix, également danseur étoile de l’Opéra de Paris (nommé en 1972). Ils formaient un couple sur scène et dans la vie, et ont créé ensemble la Compagnie Piollet-Guizerix (1986-2003). Ils ont eu un fils, Rémy.
7. Quelles distinctions a-t-elle reçues ?
En 1989, elle a été nommée Commandeur de l’Ordre National du Mérite. En 2008, elle est devenue membre du Conseil de l’Ordre. De 2010 à 2014, elle a été vice-présidente du Pôle Supérieur d’Enseignement Artistique Paris Boulogne-Billancourt.
8. A-t-elle écrit des livres ?
Oui, plusieurs ouvrages majeurs : Parallèles (1986), Rendez-vous sur tes barres flexibles (1999), Barres flexibles (1999), Giselle (2012), la série Les gestes de Lilou, et Aventure des Barres Flexibles (2014), son testament pédagogique publié quelques mois avant sa mort.
9. Quand et où est-elle décédée ?
Wilfride Piollet est décédée le 20 janvier 2015 à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), des suites d’un cancer. Elle avait 71 ans. Elle repose au cimetière de Poissy (Yvelines), où elle vécut longtemps avec Jean Guizerix. L’Opéra de Paris a rendu hommage à « une des personnalités les plus singulières » de son histoire.
10. Pourquoi une salle municipale porte-t-elle son nom ?
Pour honorer son parcours exceptionnel et son attachement à Saint-Rambert-d’Albon. La salle Wilfride Piollet a été inaugurée en 2019, quatre ans après sa disparition. Elle accueille régulièrement des spectacles, événements associatifs et culturels, perpétuant sa mémoire de manière vivante. En mars 2025, un grand hommage a eu lieu à Anneyron pour les 10 ans de sa disparition, avec la présence de Jean Guizerix.
Glossaire : Comprendre l’Univers de Wilfride Piollet
Ballerine / Danseuse étoile : Le plus haut rang dans la hiérarchie d’un ballet. À l’Opéra de Paris, sur des milliers de danseuses depuis 1669, seules quelques dizaines ont été nommées étoiles. Wilfride Piollet a été nommée en 1969.
Barres Flexibles : Méthode pédagogique révolutionnaire inventée par Wilfride Piollet, remplaçant la barre classique fixe par une barre flexible (tube élastique) pour développer l’autonomie et la conscience corporelle du danseur.
Compagnie Piollet-Guizerix : Compagnie de danse créée en 1986 par Wilfride Piollet et Jean Guizerix pour présenter des œuvres de petite forme et poursuivre leur carrière d’interprètes en dehors de l’Opéra de Paris. Active jusqu’en 2003.
CNSMDP : Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Institution d’élite où Wilfride Piollet a enseigné de 1989 à 2008, formant des centaines de danseurs professionnels.
Contact-improvisation : Technique de danse contemporaine basée sur le contact physique entre danseurs, l’exploration du poids, et l’improvisation. Wilfride Piollet a suivi des stages avec Steve Paxton, Lisa Nelson et Simone Forti.
Dames Blanches : Terme désignant les danseuses romantiques du XIXe siècle (sylphides, willis), vêtues de tutus blancs, incarnant l’idéal de légèreté. Wilfride Piollet a consacré une conférence célèbre à ce thème (1997-1998).
École de Danse de l’Opéra de Paris : École prestigieuse formant les futurs danseurs de l’Opéra. Wilfride Piollet y est entrée comme « petit rat » en 1955, à l’âge de 12 ans.
Jean Guizerix : Danseur étoile de l’Opéra de Paris (nommé en 1972), mari de Wilfride Piollet. Ils formaient l’un des couples les plus célèbres du ballet français, tant sur scène que dans la vie.
Merce Cunningham : Chorégraphe américain (1919-2009), figure majeure de la danse contemporaine. Sa rencontre avec Wilfride Piollet en 1971-1973 a bouleversé sa conception de la danse et inspiré sa méthode des Barres Flexibles.
Notation Laban : Système d’écriture du mouvement dansé, équivalent d’une partition musicale pour la danse. Wilfride Piollet a travaillé avec Noëlle Simonet à partir de 1990 pour transcrire ses exercices en notation Laban.
Opéra de Paris : L’une des plus anciennes et prestigieuses institutions de ballet au monde (fondée en 1669). Wilfride Piollet y a fait toute sa carrière de danseuse étoile, de 1960 à 1990.
Pas de deux : Séquence dansée pour deux personnes (généralement un homme et une femme). Les pas de deux de Wilfride Piollet et Jean Guizerix étaient légendaires pour leur complicité et leur virtuosité.
Petit rat : Surnom affectueux donné aux jeunes élèves de l’École de Danse de l’Opéra de Paris, qui déambulent dans les couloirs du Palais Garnier en tutu et chaussons.
Première danseuse : Rang dans la hiérarchie du ballet, au-dessus du corps de ballet et des coryphées, mais en dessous du rang d’étoile. Wilfride Piollet a été promue première danseuse en 1965.
Répertoire classique : Ensemble des grands ballets traditionnels (Giselle, Le Lac des cygnes, La Belle au bois dormant, Coppélia, La Bayadère, etc.). Wilfride Piollet a dansé tous les rôles majeurs de ce répertoire.
Rudolf Noureev : Danseur soviétique (1938-1993), transfuge passé à l’Ouest en 1961, considéré comme le plus grand danseur du XXe siècle. Wilfride Piollet a eu l’honneur de danser à ses côtés.
Sabatier (tracteurs) : Marque de tracteurs agricoles fabriqués à Saint-Rambert-d’Albon par Louis Sabatier (1896-1975), grand-père maternel de Wilfride Piollet. Le modèle « Le Pratique » est aujourd’hui recherché par les collectionneurs.
Soliste : Danseur ou danseuse qui exécute des rôles individuels (par opposition au corps de ballet qui danse en groupe). Maurice Béjart a confié à Wilfride Piollet son premier rôle de soliste en 1965 dans Noces.
Liens Utiles : Pour Aller Plus Loin
Sur Wilfride Piollet
Site officiel Association Clef de Sole
http://www.clefdesole.com
Association qui perpétue l’enseignement de Wilfride Piollet et diffuse sa méthode des Barres Flexibles.
Les Barres Flexibles
http://www.lesbarresflexibles.net
Site dédié à la méthode pédagogique de Wilfride Piollet, avec ressources et informations sur les stages.
Passeurs de Danse – Biographie Wilfride Piollet
http://passeursdedanse.fr/dossier_thema1/wilfride_biographie/
Biographie détaillée et fiable, avec bibliographie complète.
Wikipedia – Wilfride Piollet
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wilfride_Piollet
Article encyclopédique avec sources vérifiées.
Dansez.info – Sur la Trace des Dames Blanches
http://www.dansez.info/danselab/wilfridepiollet/
Extraits de la conférence-démonstration célèbre de Wilfride Piollet (1997-1998).
Sur l’Opéra de Paris
Opéra National de Paris
https://www.operadeparis.fr
Site officiel, avec archives historiques sur les danseuses étoiles.
Bibliothèque-Musée de l’Opéra
https://www.bnf.fr/fr/bibliotheque-musee-de-lopera
Collections patrimoniales, iconographie, programmes historiques.
Sur Saint-Rambert-d’Albon
SaintRambertdAlbon.com
http://www.saintrambertdalbon.com
Site de référence sur le patrimoine local, l’histoire et la vie de la commune (vous y êtes !).
Mairie de Saint-Rambert-d’Albon
https://www.saint-rambert-dalbon.fr
Informations officielles sur la commune.
Anneyron – Hommage Wilfride Piollet
https://www.anneyron.fr/index.php/1294-wilfride-piollet-danseuse-etoile-de-l-opera-de-paris-n-est-plus
Article nécrologique détaillé avec informations sur ses liens familiaux et régionaux.
Livres de et sur Wilfride Piollet
Wilfride Piollet & Jean Guizerix, Parallèles, Bordas, 1986
Témoignage autobiographique sur leur vie d’interprètes.
Wilfride Piollet, Rendez-vous sur tes barres flexibles, éditions Sens & Tonka, 2005
Manifeste pédagogique fondateur de sa méthode.
Wilfride Piollet, Barres flexibles – Exercices, éditions L’Une & L’Autre, 2008
Guide pratique des exercices avec notations Laban.
Wilfride Piollet, Aventure des Barres Flexibles et Synthèse des Barres Flexibles, éditions L’Une & L’Autre, 2014
Testament pédagogique, synthèse de toute sa réflexion.
Thèses universitaires sur Wilfride Piollet
Nadège Tardieu, Savoirs en construction dans la danse classique de Wilfride Piollet : Anthropologie de la transmission, Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand, 2006
Thèse de référence sur sa pédagogie.
Christophe Duveau, La méthode de Wilfride Piollet, Université Nice Sophia-Antipolis, 2004
Analyse approfondie de sa méthode des Barres Flexibles.
Conclusion : Wilfride Piollet, Une Gloire Albonnaise
Plus de dix ans après sa disparition, Wilfride Piollet continue de rayonner. Sa méthode des Barres Flexibles est enseignée dans le monde entier. Ses ouvrages sont étudiés dans les conservatoires. Son nom reste gravé au panthéon des plus grandes danseuses françaises.
Mais au-delà de la gloire internationale, Wilfride Piollet reste pour nous, habitants de Saint-Rambert-d’Albon, une enfant du pays. Née avenue des Roses en 1943, elle n’a jamais oublié ses racines drômoises.
Petite-fille de Louis Sabatier, le génial fabricant de tracteurs qui a fait la renommée industrielle de notre commune, arrière-petite-fille d’un instituteur albonnais dévoué, Wilfride incarne la continuité entre notre histoire locale et le rayonnement universel de l’art.
Elle nous a appris qu’on peut venir d’un village de province et conquérir les sommets. Elle nous a montré que l’excellence n’est pas réservée aux capitales. Elle nous a prouvé que l’ancrage et l’élévation ne sont pas contradictoires, mais complémentaires.
À Saint-Rambert-d’Albon, nous avons le devoir de perpétuer sa mémoire. Non pas pour figer son souvenir dans un passé révolu, mais pour inspirer les nouvelles générations.
Combien de jeunes filles et de jeunes garçons albonnais rêvent aujourd’hui de danse, de théâtre, de musique, d’art ? Qu’ils sachent que Wilfride Piollet a tracé le chemin. Elle leur a montré que tout est possible.
Avenue des Roses, là où elle est née, mériterait peut-être une plaque commémorative : « Ici est née Wilfride Piollet (1943-2015), danseuse étoile de l’Opéra de Paris, révolutionnaire de la pédagogie chorégraphique. Enfant de Saint-Rambert-d’Albon, elle a porté le nom de notre commune sur les plus grandes scènes du monde. »
Un jour peut-être, la commune organisera un gala annuel Wilfride Piollet, où de jeunes danseurs de la région viendront présenter leur art. Ce serait la plus belle manière de lui rendre hommage.
Wilfride Piollet, danseuse étoile, pédagogue visionnaire, fille de Saint-Rambert-d’Albon. Nous ne t’oublions pas.
Article rédigé par Jean-Baptiste Mesona
Consultant culturel & Rédacteur spécialisé en Histoire & Patrimoine
Contact :
🌐 saintrambertdalbon.com
🌐 jeanbaptistemesona.fr
Sources vérifiées :
- Wikipedia – Wilfride Piollet
- Passeurs de Danse – Biographie Wilfride Piollet
- Anneyron.fr – Article nécrologique détaillé
- Geneastar – Généalogie famille Piollet
- Larousse – Notice biographique
- Dansez.info – Sur la Trace des Dames Blanches
- Babelio – Bibliographie complète
- Association Clef de Sole
- Archives famille Sabatier (tracteurs Saint-Rambert-d’Albon)
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