Le marché aux pêches de Saint-Rambert-d'Albon fut, de 1890 aux années 1950, le plus important de France par ses volumes d'expédition et son influence sur les cours nationaux. Situé à un nœud ferroviaire stratégique du réseau PLM, le marché permettait l'expédition rapide de fruits vers Paris (arrivée aux Halles le lendemain de la cueillette), l'Europe du Nord et les grandes métropoles. Les volumes témoignent de cette hégémonie : de 5 millions de kg expédiés par rail en 1932 à plus de 13 millions de kg (rail et route confondus) au milieu des années 1950. Aujourd'hui, cet héritage perdure à travers la coopérative Rhoda-Coop (fondée en 1943-1948) qui traite plus de 6 000 tonnes de pêches et nectarines annuellement, et le marché hebdomadaire du vendredi place Gaston-Oriol.

Saint-Rambert-d’Albon : Quand la « Porte Nord de la Drôme » Régnait sur le Commerce Français de la Pêche

De 1890 aux années 1950, un village drômois de quelques milliers d’âmes dictait les cours nationaux de la pêche et expédiait chaque été des millions de kilogrammes de fruits vers toute l’Europe. Saint-Rambert-d’Albon n’était pas simplement un marché parmi d’autres : c’était le centre névralgique de l’expédition fruitière en France, là où se négociaient les prix, où affluaient les acheteurs de Paris, Londres et Berlin, et où le sifflement des locomotives rythmait la « fièvre de la pêche ». Plongée dans l’épopée d’une prospérité oubliée qui a forgé l’identité rambertoise.

Contextualisation Historique : La Confluence de Tous les Possibles

Une Position Géographique Devenue Stratégique

Saint-Rambert-d’Albon occupe depuis l’Antiquité une position singulière à la confluence de plusieurs axes majeurs. La Via Agrippa, cette voie romaine reliant Lyon à la Méditerranée, traverse déjà le territoire communal dès l’époque gallo-romaine. Mais c’est véritablement au XIXe siècle que cette situation géographique devient un atout économique décisif.

Le 16 avril 1855 marque un tournant historique pour Saint-Rambert-d’Albon. La Compagnie du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée (LM) inaugure la gare ferroviaire, complétant la section Lyon-Valence de la future ligne Paris-Lyon-Marseille. Un an plus tard, le 5 novembre 1856, Saint-Rambert devient une gare de bifurcation avec l’ouverture de la ligne vers Rives et Grenoble. En 1857, la gare intègre le prestigieux réseau de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM), puis en 1869, un nouvel embranchement relie la commune à Annonay.

Cette triple connexion ferroviaire (axe Nord-Sud PLM, ligne vers Grenoble à l’Est, ligne vers Annonay à l’Ouest) fait de Saint-Rambert-d’Albon un carrefour ferroviaire exceptionnel. À son apogée, la gare emploie jusqu’à 300 cheminots, un chiffre colossal pour une commune qui ne compte alors que 3 000 habitants.

La Crise du Phylloxéra : Catalyseur d’une Reconversion Agricole

Comme toute la vallée du Rhône, la région subit de plein fouet la crise du phylloxéra à partir des années 1860-1870. Ce petit puceron américain, introduit accidentellement en France en 1863 près de Roquemaure (Gard), dévaste progressivement l’ensemble du vignoble français. Dans la Drôme, les vignes dépérissent les unes après les autres, plongeant les agriculteurs dans le désarroi.

Face à ce désastre économique, les producteurs rambertois et plus largement ceux de la Valloire (la « Vallée d’or » issue du latin Vallis Aurea) opèrent une mutation spectaculaire vers l’arboriculture fruitière. Les terres alluviales de la plaine, au sol filtrant et au climat tempéré-méditerranéen, s’avèrent idéales pour la culture des pêchers. Dès les années 1880, les premiers vergers remplacent les vignobles décimés.

Cette reconversion s’inscrit dans un mouvement régional plus large. Épinouze devient le « berceau de la culture de la pêche » dans la Drôme des Collines, tandis que Moras-en-Valloire se spécialise dans la poire. Mais c’est Saint-Rambert-d’Albon qui capitalise le mieux ses atouts logistiques pour devenir le centre commercial et expéditeur de référence.

En Résumé

Le marché aux pêches de Saint-Rambert-d’Albon fut, de 1890 aux années 1950, le plus important de France par ses volumes d’expédition et son influence sur les cours nationaux. Situé à un nœud ferroviaire stratégique du réseau PLM, le marché permettait l’expédition rapide de fruits vers Paris (arrivée aux Halles le lendemain de la cueillette), l’Europe du Nord et les grandes métropoles. Les volumes témoignent de cette hégémonie : de 5 millions de kg expédiés par rail en 1932 à plus de 13 millions de kg (rail et route confondus) au milieu des années 1950. Aujourd’hui, cet héritage perdure à travers la coopérative Rhoda-Coop (fondée en 1943-1948) qui traite plus de 6 000 tonnes de pêches et nectarines annuellement, et le marché hebdomadaire du vendredi place Gaston-Oriol.

L’Âge d’Or du Marché aux Pêches (1890-1960)

1. L’Infrastructure Ferroviaire : Le Secret de la Réussite

Le succès de Saint-Rambert-d’Albon repose sur une infrastructure logistique de premier ordre. Dès 1895, face à l’afflux croissant de charrettes chargées de fruits, les producteurs obtiennent la construction d’un quai couvert d’expédition à la gare. Cette installation permet de protéger les fruits des intempéries et de rationaliser les opérations de chargement.

L’avantage compétitif est considérable : la proximité immédiate des vergers avec les voies ferrées permet une cueillette matinale et une expédition le jour même. Les pêches rambertoises arrivent ainsi aux Halles de Paris dès le lendemain, garantissant une fraîcheur exceptionnelle qui justifie des prix élevés. Cette performance logistique place Saint-Rambert en position dominante face aux bassins de production plus éloignés des grands axes ferroviaires.

Le réseau PLM, avec ses trains rapides et ses wagons réfrigérés, assure des connexions vers Paris, Lyon, Marseille, mais également vers l’Europe du Nord : Londres, Berlin, Bruxelles deviennent des débouchés réguliers pour les pêches rambertoises.

2. Les Chiffres de l’Hégémonie : Analyse des Volumes d’Expédition (1890-1956)

Les données historiques attestent de la dimension exceptionnelle du marché aux pêches de Saint-Rambert-d’Albon :

AnnéeVolume expédié par Rail (kg)Destination PrincipaleÉvénement Historique
1890Données fragmentairesParis, LyonReconnaissance officielle : « le plus important marché aux pêches de France »
1900En croissance constanteFrance, EuropeCréation officielle du marché organisé
19325 000 000Paris, Londres, AllemagneApogée de l’entre-deux-guerres
19452 500 000France (Ravitaillement national)Reconstruction difficile après-guerre
19566 500 000Europe du Nord, AllemagneRecord historique pour le transport ferroviaire
1956≈ 13 000 000EuropeTotal estimé (Rail + Route) – Le transport routier prend son essor

Ces chiffres témoignent de plusieurs évolutions majeures :

  • L’ascension fulgurante (1890-1932) : En quatre décennies, Saint-Rambert s’impose comme le centre incontesté de l’expédition fruitière française.
  • La résilience après-guerre (1945-1956) : Malgré l’effondrement de 1945, le marché retrouve et dépasse ses niveaux d’avant-guerre en une décennie.
  • La diversification modale (années 1950) : L’émergence du transport routier double les capacités d’expédition, avec 6,5 millions de kg par rail et environ 6,5 millions de kg par route.

3. Le Fonctionnement du Marché : Un Rituel Quotidien

Durant la pleine saison (juillet-août), le marché aux pêches de Saint-Rambert-d’Albon s’apparente à une véritable place boursière fruitière. Le marché quotidien débute au signal d’une cloche, généralement vers 5-6 heures du matin. Les producteurs arrivent avec leurs charrettes chargées de caisses de pêches fraîchement cueillies. Les commissionnaires, courtiers et acheteurs de toute l’Europe inspectent les fruits, jaugeant leur calibre, leur couleur, leur fermeté.

Les négociations se déroulent à une vitesse effrénée, dans une ambiance électrique. Chaque heure compte pour garantir la fraîcheur du fruit et l’expédition par le train de la journée. Les prix se fixent en fonction de la qualité, de la variété, mais aussi de l’offre et de la demande instantanée. Le marché de Saint-Rambert devient ainsi le baromètre national : les cours qui se dégagent le matin à la gare servent de référence pour les autres bassins de production français.

Cette « fièvre de la pêche » s’empare du bourg entier. Les cafés et hôtels de la place font le plein dès l’aube. Les cheminots travaillent d’arrache-pied pour acheminer les wagons. L’ensemble de l’économie locale gravite autour de ce rythme saisonnier.

4. L’Innovation Variétale : Conquérir les Marchés Précoces

Les arboriculteurs rambertois ne se contentent pas d’exploiter leur avantage logistique : ils innovent constamment pour conquérir de nouveaux créneaux commerciaux. Très tôt, ils délaissent les variétés locales fragiles pour adopter des espèces plus robustes et précoces issues de la recherche agronomique.

Parmi les variétés phares qui font la réputation de Saint-Rambert :

  • Amsden : Variété américaine précoce, à chair blanche, qui permet d’occuper le marché dès la fin juin.
  • Mayflower : Autre variété précoce très appréciée pour sa productivité et sa résistance au transport.
  • Belle de Vitry et Grosse Mignonne : Variétés traditionnelles françaises pour la mi-saison.

Cette stratégie de diversification variétale permet aux producteurs rambertois de capter les prix élevés du début de saison, avant l’arrivée massive des productions méridionales. Elle leur assure également une présence commerciale étalée sur plusieurs semaines, maximisant ainsi les revenus annuels.

5. Les Défis de la Production : Entre Gel et Innovation

La culture de la pêche en vallée du Rhône n’est pas exempte de risques. Le gel printanier constitue la hantise permanente des producteurs. Un épisode de gelée tardive en avril peut anéantir la totalité d’une récolte en détruisant les fleurs des pêchers.

Pour lutter contre ce fléau, les arboriculteurs rambertois développent des techniques innovantes dès les années 1920-1930. L’utilisation de chaufferettes dans les vergers devient courante : des petits braseros à combustible sont disposés entre les rangs d’arbres lors des nuits à risque. Ces veillées spectaculaires, où l’on voit les vergers illuminés par des centaines de petites flammes, marquent profondément la mémoire collective rambertoise.

D’autres méthodes sont expérimentées : arrosage par aspersion pour créer une couche de glace protectrice autour des bourgeons, sélection de parcelles en hauteur moins exposées aux gelées de fond de vallée, choix de variétés plus tardives dans les zones à risque.

L’Héritage Contemporain : De Rhoda-Coop au Marché du Vendredi

Rhoda-Coop : L’Héritière Directe du Savoir-Faire Rambertois

La coopérative Rhoda-Coop, dont l’histoire remonte à 1943-1948, incarne la continuité du savoir-faire fruitier rambertois. Créée par la fusion d’initiatives locales pour moderniser le conditionnement et la commercialisation, elle représente aujourd’hui un acteur majeur de l’arboriculture rhodanienne.

Chiffres clés de Rhoda-Coop en 2025 :

  • 480 producteurs adhérents dans la vallée du Rhône, de la haute vallée jusqu’à la plaine de la Crau
  • 4 stations de conditionnement : Saint-Rambert-d’Albon (Drôme), Sarras, Tournon-sur-Rhône et Beauchastel (Ardèche)
  • Production annuelle :
    • 12 000 tonnes d’abricots
    • 6 000 tonnes de pêches et nectarines
    • 1 000 tonnes de cerises
    • Pommes, poires, châtaignes
  • 25 000 tonnes de fruits commercialisées par an au total
  • 87 salariés et un chiffre d’affaires de 19,1 millions d’euros

La coopérative a su s’adapter aux exigences contemporaines en développant des démarches agri-environnementales rigoureuses :

  • Certification GlobalG.A.P. depuis 2006
  • Certification IFS Food pour le conditionnement
  • Charte Vergers Écoresponsables (niveau HVE2) pour les pêches, nectarines, abricots, pommes et poires
  • Production en Agriculture Biologique depuis 1997 pour une partie des adhérents

La Place Gaston-Oriol : Cœur Battant du Commerce Local

L’ancienne « Place Neuve« , rebaptisée place Gaston-Oriol, demeure le centre névralgique du commerce rambertois. Chaque vendredi matin de 8h à 12h30, le marché hebdomadaire perpétue la tradition multiséculaire des circuits courts qui a fait la fortune de la commune.

Ce marché, bien que de dimension plus modeste que le grand marché aux pêches d’antan, maintient vivant l’esprit de convivialité et d’échanges directs entre producteurs locaux et consommateurs. On y trouve les produits de saison : fruits (pêches, abricots, cerises), légumes, fromages, charcuteries, miel, et autres spécialités drômoises.

Un Patrimoine Urbain et Paysager Préservé

L’héritage de l’épopée fruitière reste inscrit dans le paysage et l’urbanisme rambertois :

  • Les vergers de la Valloire : Le paysage des coteaux environnants est toujours marqué par l’arboriculture en palissage qui quadrille le territoire.
  • Le quartier de la gare : L’architecture ferroviaire du XIXe siècle témoigne de l’importance qu’a eue ce nœud logistique.
  • La mémoire collective : Les archives municipales et départementales conservent de nombreux documents (registres du marché, correspondances commerciales, photographies anciennes) qui attestent de cette période faste.

FAQ : Tout Savoir sur le Marché aux Pêches de Saint-Rambert-d’Albon

Pourquoi Saint-Rambert-d’Albon est-elle devenue LA référence nationale devant d’autres villes fruitières de la vallée du Rhône ?

La supériorité de Saint-Rambert repose sur une combinaison unique de facteurs :

  1. Un terroir exceptionnel : Les sols alluvials filtrants de la plaine de la Valloire sont idéaux pour les pêchers, évitant l’humidité stagnante néfaste aux racines.
  2. Un nœud ferroviaire majeur : La gare de bifurcation concentre trois lignes (PLM Nord-Sud, ligne de Grenoble, ligne d’Annonay), offrant des connexions inégalées.
  3. Une position géographique stratégique : Située à mi-chemin entre Lyon et Valence, la commune bénéficie d’un climat tempéré-méditerranéen avec une précocité favorable.
  4. Une organisation commerciale efficace : La création d’un marché structuré avec criée quotidienne, l’installation d’un quai couvert, et la concentration d’acteurs commerciaux (courtiers, commissionnaires) ont créé un écosystème complet.

Le marché aux pêches existe-t-il encore sous sa forme historique ?

Le marché de gros quotidien avec criée et expédition ferroviaire massive a disparu dans les années 1960-1970, victime de plusieurs évolutions :

  • La montée en puissance du transport routier qui a fragmenté les flux
  • La concentration de la distribution dans les coopératives et groupements de producteurs
  • L’évolution des circuits de commercialisation vers la grande distribution

Toutefois, l’esprit perdure via :

  • Le marché hebdomadaire du vendredi place Gaston-Oriol, qui maintient la tradition des circuits courts
  • Les points de vente directe des producteurs locaux
  • Les coopératives comme Rhoda-Coop qui centralisent et commercialisent la production

Quelles étaient les principales menaces pour la production à l’époque ?

Les arboriculteurs rambertois faisaient face à plusieurs risques majeurs :

  1. Le gel printanier : La hantise absolue. Un gel tardif en avril pouvait détruire 100% de la floraison. Les producteurs utilisaient des chaufferettes dans les vergers, créant des nuits de veille spectaculaires avec des centaines de braseros allumés entre les rangées de pêchers.
  2. Les maladies cryptogamiques : La cloque du pêcher, l’oïdium, le monilia (pourriture des fruits) nécessitaient des traitements au soufre et à la bouillie bordelaise.
  3. Les ravageurs : Pucerons, tordeuses, mouches des fruits imposaient une vigilance constante.
  4. Les fluctuations de prix : Une surproduction nationale pouvait faire s’effondrer les cours du jour au lendemain, ruinant une saison entière.
  5. Les intempéries : Grêle, orages violents, vents forts endommageaient les fruits juste avant la récolte.

Comment les pêches rambertoises étaient-elles transportées et conditionnées ?

Le conditionnement évoluait selon les époques :

  • 1890-1920 : Caisses en bois de châtaignier ou de peuplier, calées avec de la paille ou du papier de soie. Chaque fruit était manipulé individuellement.
  • 1920-1950 : Standardisation progressive des emballages. Introduction des cagettes en bois standardisées, facilitant l’empilage dans les wagons.
  • Années 1950 : Début de l’utilisation de cartons ondulés, plus légers et plus hygiéniques.

Le transport s’effectuait principalement :

  • Par rail jusqu’aux années 1960 : wagons spéciaux avec isolation, parfois réfrigération rudimentaire (blocs de glace)
  • Par route à partir des années 1950 : camions frigorifiques permettant une livraison en direct

Qui étaient les acheteurs du marché de Saint-Rambert-d’Albon ?

Le marché attirait une clientèle diversifiée :

  • Commissionnaires parisiens : Représentant les grossistes des Halles de Paris
  • Négociants internationaux : Acheteurs londoniens, belges, allemands, suisses
  • Grossistes régionaux : Lyon, Marseille, Grenoble, Valence
  • Conserveries : Pour les pêches destinées à la transformation industrielle
  • Détaillants : Épiciers, primeurs venus s’approvisionner directement

Quelle était l’importance économique du marché pour la commune ?

L’impact économique était considérable et multiforme :

  • Emplois directs : Arboriculteurs, ouvriers agricoles saisonniers, manutentionnaires
  • Emplois indirects : Cheminots (jusqu’à 300 à la gare), tonneliers et fabricants de caisses, transporteurs, commissionnaires
  • Activité commerciale : Hôtels, cafés, restaurants prospéraient durant la saison
  • Dynamisme démographique : La prospérité attirait de la main-d’œuvre, maintenant la population malgré l’exode rural général

Le marché aux pêches faisait de Saint-Rambert-d’Albon une commune prospère, dont le niveau de vie dépassait largement celui des villages environnants.

Peut-on encore visiter des traces de cette époque ?

Oui, plusieurs éléments patrimoniaux témoignent de cette histoire :

  • La gare ferroviaire et son architecture PLM caractéristique
  • La place Gaston-Oriol (ancienne Place Neuve), théâtre du marché historique
  • Les vergers traditionnels dans les environs immédiats, notamment vers la Valloire
  • Les archives municipales et départementales : photographies, documents d’époque, cartes postales anciennes
  • Les anciens bâtiments commerciaux du quartier de la gare, témoins de l’activité intense

Une exposition permanente pourrait être envisagée à la mairie ou à la médiathèque pour valoriser ce patrimoine.

Glossaire Technique et Historique

Arboriculture : Discipline agricole spécialisée dans la culture des arbres fruitiers. Saint-Rambert-d’Albon s’est spécialisée dans l’arboriculture vers 1880, suite à la crise du phylloxéra.

Phylloxéra : Puceron d’origine américaine (Daktulosphaira vitifoliae) qui a ravagé le vignoble européen entre 1863 et 1900, provoquant une reconversion massive vers l’arboriculture dans de nombreuses régions viticoles.

P.L.M. (Paris-Lyon-Méditerranée) : Prestigieuse compagnie privée de chemin de fer (1857-1938), devenue symbole du luxe et de l’efficacité ferroviaire française. Elle fut essentielle à l’expédition des denrées périssables vers le Nord de la France et l’Europe.

Rhoda-Coop : Société coopérative agricole née entre 1942 et 1948 de la fusion des énergies locales pour moderniser le conditionnement, le stockage et la commercialisation des fruits. Toujours active en 2025 avec 480 adhérents.

Via Agrippa : Voie romaine antique construite sous l’empereur Auguste, reliant Lyon (Lugdunum) à Arles. Son tracé a préfiguré les grands axes de circulation (RN7, autoroute A7) traversant Saint-Rambert-d’Albon.

Valloire : Plaine agricole de la Drôme des Collines, dont le nom dérive du latin Vallis Aurea (« Vallée d’or »). Territoire historique de l’arboriculture drômoise, notamment réputé pour la poire et la pêche.

Gare de bifurcation : Gare ferroviaire où se séparent plusieurs lignes. Saint-Rambert-d’Albon était un point de bifurcation triple (ligne PLM Nord-Sud, ligne de Grenoble, ligne d’Annonay), lui conférant une importance logistique majeure.

Commissionnaire : Intermédiaire commercial agissant pour le compte de grossistes ou d’acheteurs lointains. Les commissionnaires étaient essentiels au fonctionnement du marché aux pêches, assurant la connexion entre producteurs locaux et débouchés nationaux/internationaux.

Criée : Système de vente aux enchères publiques où les prix se fixent par confrontation orale de l’offre et de la demande. Le marché de Saint-Rambert fonctionnait sur ce modèle durant la pleine saison.

Vergers en palissage : Technique arboricole consistant à conduire les arbres fruitiers le long de fils tendus entre des poteaux, facilitant la cueillette, la taille et l’ensoleillement. Cette méthode est caractéristique du paysage de la Valloire.

HVE (Haute Valeur Environnementale) : Label français attestant de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement (niveau 2 : Vergers Écoresponsables). Rhoda-Coop applique ce cahier des charges pour ses productions de pêches, nectarines et abricots.

Liens Utiles pour Approfondir

Sources Officielles et Patrimoniales

Patrimoine Ferroviaire

Arboriculture et Terroir

Marchés et Commerce Local

  • Marché hebdomadaire de Saint-Rambert-d’Albon – Tous les vendredis place Gaston-Oriol : Informations pratiques

Conclusion

Saint-Rambert-d’Albon ne s’est pas contentée de cultiver des pêches : la commune a bâti un système logistique et commercial de pointe qui a fait rayonner le terroir drômois dans toute l’Europe. Durant sept décennies (1890-1960), Saint-Rambert a été le cœur battant du commerce fruitier français, là où se fixaient les prix, là où affluaient les acheteurs, là où se jouait chaque été la prospérité de centaines de familles d’arboriculteurs.

Ce passé de « capitale de la pêche » constitue le socle de l’identité rambertoise contemporaine, mêlant fierté agricole, savoir-faire technique et dynamisme commercial. Aujourd’hui encore, à travers Rhoda-Coop, le marché du vendredi et les nombreux producteurs locaux, Saint-Rambert-d’Albon perpétue cette tradition fruitière tout en l’adaptant aux exigences environnementales du XXIe siècle.


Et vous, avez-vous des souvenirs ou des anecdotes familiales liées à l’époque des grandes expéditions de pêches en gare de Saint-Rambert-d’Albon ? Vos parents ou grands-parents ont-ils travaillé dans les vergers, à la gare, ou au marché ? Partagez ces témoignages précieux en commentaire pour enrichir la mémoire collective rambertoise !


Article rédigé pour saintrambertdalbon.com – Décembre 2025
Sources : Archives municipales de Saint-Rambert-d’Albon, Archives départementales de la Drôme, Rhoda-Coop, documents historiques du réseau PLM, témoignages oraux.


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